Les Messapiens: le peuple entre les deux mers
Les Messapiens étaient les anciens habitants du Salento pendant que Peuceti et Dauni habitaient respectivement dans la terre de Bari et de Foggia. Sur la base de tout ce qui a été dit précédemment pour Erodono, les Messapiens avaient une origine crétoise-mycénienne pendant que pour d’autres sources ils naissent d’un mélange entre crétois et illyriens. Successivement en tenant compte du fait que les rapports commerciaux et migratoires entre les deux rives de l’Adriatique étaient très fréquents, on a supposé qu’ils étaient d’origine balkanique. Récemment on a démontré à travers des sources différentes, parmi lesquelles Polibio (III,88,4), Varrone et Plinio il Vecchio, que l’origine de cette civilisation s’insère d’une façon cohérente dans la grande famille des peuples de la Japigia des Pouilles de provenance illyrienne, c’est-à-dire d’une région située au nord de l’actuelle Albanie.
En outre des sources littéraires attribuent aux Messapiens aussi le surnom de Pelasgi, et ils divisent la Messapia en deux peuples distincts: les Calabri, qui occupaient la zone centre-orientale de l’Adriatique et les Salentini qui s’étaient par contre établis dans la zone ionienne. D’ici dérive la dénomination de Sallentia donnée à la péninsule par Strabone et par Plinio il Vecchio.
La plupart des vagues migratoires provenant des Balkans se vérifièrent autour du VIIIème siècle av.J.-C. quand les rapports avec les Mycéniens se desserrèrent à cause des Doriens qui envahirent la Grèce et qui étouffèrent la civilisation mycénienne. Ceci uni aux irruptions des populations des Apennins, porta une partie des Iapigi à se déplacer dans la péninsule salentine et à assumer le nom de Messapiens, c’est-à-dire de peuple entre les deux mers.
Ils occupèrent toute la péninsule triangulaire salentine qui avait comme sommets Brindisi et Tarente à est et ouest et S.Maria de Leuca au sud.
Dès le début, la péninsule s’entoura de nombreuses petites villes qui atteignirent leur plus grande splendeur au VI-Vème siècle av. J.-C., quand on introduisit l’écriture et l’adoption de l’alphabet grec, l’emploi des pratiques religieuses, quelques-unes très semblables à celles hellénistiques et la transformation des cabanes en habitations avec plusieurs chambres, une cour, des murs en pierre et couverture en tuiles. Ce sont vraiment ceux-ci les éléments qui sont pris en considération pour justifier la provenance de ce peuple de l’Illyrie. Pour les historiens, en effet, ils seraient arrivés de l’Albanie à Otranto autour de l’année 1000 av. J.-C. pour descendre ensuite jusqu’à S. Maria di Leuca et remonter jusqu’à Tarente.
Dans cette civilisation chaque groupe d’établissements voisins ne devait pas être nécessairement une ville, un microcosme peut-être autonome du peuple délimité par les murs, mais uni aux autres de façon idéale par le culte des divinités communes qui représentaient donc le trait d’union entre les différentes communautés qui maintenaient allumé le « feu sacré public », ainsi comme chaque famille devait tenir allumé le feu domestique comme symbole d’unité familiale.
Avec les centres messapiens, un autre élément qu’il faut considérer pour comprendre mieux cette civilisation sont les nécropoles. Beaucoup sont parvenues jusqu’à nos jours dans un bon état de conservation. Elles étaient creusées généralement dans les terrains suivant la forme des sarcophages rectangulaires de grandeur différente et elles contenaient au-delà des restes humains d’un ou plusieurs individus aussi des armes, de riches trousseaux de vaisselle en bronze ou céramique et parfois des monnaies d’argent. On a découvert que quelques nécropoles ont aussi été utilisées pendant la période romaine ou encore par plusieurs composants d’un noyau familial.
La civilisation messapienne était très développée par rapport aux autres peuples qui habitaient la péninsule italique au point que les mêmes romains avaient beaucoup à apprendre lorsqu’en 272 av.J.-C. ils conquirent Tarente, Brindisi et tout le Salento Messapien qui fut définitivement romanisé en 90 av.J.-C.
Les restes les plus importants de cette civilisation ont été retrouvés dans le bas Salento: en effet entre Lecce et S. Maria di Leuca sont présents bien 7 centres messapiens:
Vaste, de Poggiardo, est le plus riche de pièces. Ici on a retrouvé des dépôts funéraires, des objets en argent et des restes de murailles étendues reconductibles à l’époque messapienne. Les études effectuées dans ce centre messapien ont permis de découvrir une série d’information concernant la topographie du site dans ses différentes phases de développement. Dans la partie centrale et plus haute de l’agglomération, près de l’actuelle place Dante on a retrouvé des traces consistantes du centre habité messapien remontant au VIII-VII siècle av.J.-C. De celles-ci il a été possible de reconnaître la présence de cabanes à la forme ovale avec un mur d’enceinte de pierres à sec, des déchargements de céramiques provenant de la Japigia et du matériel d’importation grec. Autour du IV-IIIème siècle av.J.-C. les habitations se caractérisées par des fondations à base rectangulaire constituées par plusieurs milieux disposés autour d’une cour. Les milieux avaient probablement des planchers en tuf comprimé et une couverture en tuiles. À l’intérieur de l’ancienne agglomération était situé l’apogée des Cariatides en pierre de Lecce remontant au IVème siècle av.J.-C. pendant que dans la banlieue se développait la nécropole.
Un autre important centre est Vereto, près de Patù, dans les alentours de Leuca. Le premier à parler de Vereto fut Erodono qui au Vème siècle av. J.-C., dans un de ses récits, affirma que les Crétois, en partant de la Grèce pour rejoindre la Sicile, côtoyèrent la Japigia mais surpris par une tempête ils furent transportés sur les côtes de Leuca où ils fondèrent beaucoup de villes parmi lesquelles Iria qui pour quelques spécialistes correspond à la ville de Vereto. Avec l’arrivée des Romains, Vereto devint une importante mairie (la preuve plus évidente est donnée par une pierre du I-IIème siècle apr. J.-C. présente dans l’église de S. Giovanni Battista à Patù) et elle fut liée au reste de l’empire par la Via Traiana qui a été construite par l’empereur Traiano autour du 106 apr.J.-C. comme prolongement de la via Appia. Ce qui reste aujourd’hui de cette ville sont les pièces archéologiques et épigraphiques, les restes des murailles de Vereto et la Centopietre, une construction rectangulaire construite avec 100 blocs de pierre provenant des ruines de l’ancienne ville de Vereto. La naissance de ce monument est liée à de nombreuses légendes. La plus probable veut qu’ avant la bataille entre Chrétiens et Sarrasins, dans une zone nommée « Campo di Re » près de Patù, le chevalier Geminiano aurait été envoyé par les Chrétiens comme messager de paix. Ici il fut tué barbarement et cet évènement déclencha la terrible bataille du 24 juin 877 qui marqua la victoire des chrétiens qui réussirent aussi à récupérer le corps du pauvre Geminiano. Ce fut vraiment au cours de cette occasion que la Centopietre fut construite. Cette thèse est aussi confirmée par de nombreuses fouilles réalisées au cours des années soixante qui ont porté à la découverte de tombes situées à l’intérieur et à l’extérieur de la structure, toutes orientées avec les pieds vers l’orient, selon la tradition byzantine. Un monument semblable à la Centopietre est appelé Cisternale et il est situé dans un autre centre messapien: Vitigliano. Les deux structures ont en commun la forme, l’orientation et le système constructif de la couverture à plaques énormes de sablon à double versant. La seule différence est donnée par le fait que la Centopietre se développe sur l’étage à grands blocs parallélépipèdes sans mortier pendant que le Cisternale est creusé dans la roche avec une superposition artificielle de la couverture.
Ceglie Messapica est le centre qui porte dans son propre nom le témoignage de ses origines; Ceglie dérive très probablement de « kailia » qui signifie dos, éminence, parce qu’il semble que la partie la plus ancienne de la ville fût placée sur la sommité du col où se lève maintenant la place Ognissanti. Dans le musée Archéologique sont présents de riches trousseaux funéraires et une série d’inscriptions trouvées dans de nombreuses tombes messapiennes. C’est par contre, dans le musée de Berlin, qu’est conservée une importante pièce : le cratère à images rouges qui représente la lutte des messapiens contre Diomède.
Autour de l’ancienne agglomération de Ceglie étaient présents trois murs d’enceinte visibles encore aujourd’hui. Le premier est le plus étroit et ancien et il est formé par des blocs mégalithiques à sec pendant que les autres deux situés l’un près de l’autre sont unis entre eux par des murs à sec et un boyau extérieur et ils comprennent un territoire beaucoup plus vaste que l’originaire. On a découvert aussi une porte de la ville avec un boyau extérieur haut 4 m et avec une tour et un quatrième mur d’enceinte avec des Specchie ayant la fonction d’aviser et de défendre. Pour comprendre la raison de la présence d’un système si complexe de murs il faut faire référence à l’histoire. Ceglie avec Oria, Manduria et Carovigno constituaient les premiers centres messapiens qui s’opposaient à l’expansion de Tarente vers l’arrière-pays. En temps de paix et de tranquillité la ville fut munies d’enceintes serrées et proches au centre habité pendant que lorsque les rapports avec Tarente se firent plus tendus les habitants pour se défendre furent obliger à construire une série de murs et de specchie.
Cavallino est un centre messapien qui a conservé intégralement son homogénéité sociale et culturelle. Pour se défendre de Tarente à la fin du VIème siècle av. J.-C., les habitants décident de construire un solide mur d’enceinte autour de la ville et de creuser un fossé tout autour de son périmètre. Les fouilles effectuées dans cette zone ont permis de découvrir beaucoup d’objets: des clous, des aiguilles, de petites boules et des rondelles de terre cuite qui étaient utilisées pour faire jouer les enfants et une petite pyramide avec une inscription dédiée à la divinité féminine Arzeria. Les tombes pour adultes uniformes dans les dimensions et peu profondes avaient une forme rectangulaire, elles étaient creusées dans la roche et elles étaient recouvertes par des plaques en pierre de Lecce. A l’intérieur on a retrouvé des vases, des armes en silex, des figures et des colliers en bronze, beaucoup de monnaies et des clous.
Manduria est l’ancienne capitale messapienne qui doit sa célébrité à la résistance historique que les Messapiens opposèrent aux habitants de Tarente qui voulaient élargir leurs possessions. Un des premiers noyaux de la ville était certainement situé dans les alentours du saut-de-mouton pour Lecce où on a récemment découvert une nécropole remontant au VIIème siècle av.J.-C., dépourvue de fortifications. La Manduria Messapienne était entourée par trois enceintes dont seulement une partie est restée inaltérée jusqu’à nos jours.
L’enceinte intérieure, dont le diamètre est d’environ 842 m et le périmètre de 2187m, a la forme d’un pentagone irrégulier, elle est très haute et elle est formée par des blocs irréguliers superposés les uns aux autres sans l’emploi de mortier qui remontent au Vème siècle av. J.-C. La deuxième construite comme renforcement de la première, remonte au IVème siècle av.J.-C., lorsque se développèrent les objectifs expansionnistes de l’hellénique Tarente vis-à-vis des Messapiens. La troisième enceinte, celle extérieure est la plus imposante, soit pour ses dimensions soit pour les sensations qu’elle suscite. Elle a un périmètre d’environ 5500 m, elle est large entre 5 et 6 m et elle est constituée par deux paramètres extérieurs de blocs carrés à la forme de parallélépipède et parfois de cube et par un remplissage de pierres et de terre. Elle court parallèlement à la première et à la deuxième enceinte sur tous les côtés sauf que sur celui méridional où elle assume une forme irrégulière et qui probablement était le côté le moins dangereux. La partie septentrionale de la dernière enceinte est caractérisée soit par la présence de nombreux passages souterrains qui unissaient la ville avec l’extérieur soit par une importance majeure. Tout ceci fait penser que le côté le plus dangereux exposé à l’attaque des ennemis était celui tourné vers Oria et la côte de l’Adriatique.
Cette dernière enceinte est munie aussi d’un fossé large 6,5 m et profond 5 m. Sur les murs d’enceinte, qui étaient utilisés comme routes de rocade, étaient présentes des portes, peut-être quatre, qui permettaient d’accéder à la ville et en proximité desquelles il y avait l’interruption du fossé. On peut encore aujourd’hui remarquer les trous des gonds qui soutenaient une porte défendue par une tour dont il reste seulement la base rocheuse de forme circulaire.
Près des murailles ont été retrouvées des tombes isolées et de vastes nécropoles dont la plus grande comprend 1284 tombes et représente une des plus grandes nécropoles explorées non seulement dans une zone messapienne mais aussi dans la zone la plus vaste des Pouilles. Les tombes les plus nombreuses remontent au VI-IIIème siècle av.J.-C. mais on a aussi retrouvé des trousseaux funéraires remontant au IIème siècle av.J.-C. et puis à l’époque romaine.
D’autres centres messapiens furent Alezio, Ugento, Otranto, Rocavecchia, Rudie, Lecce, MuroLeccese et Soleto.